Aujourd’hui je vais vous parler d’une personne hors du commun qui vient de nous quitter du haut de ses 96 ans. Il s’agit de mon grand Oncle Chris, dont la vie fut une aventure de bout en bout. Il fut entre-autres matelot pour la Royal Navy avant de s’exiler au Congo puis de partir vers les Etats-Unis où bardé d’un diplôme d’ingénieur il travailla pour la Nasa sur les programmes Apollo. Sa réussite sociale fut toujours camouflée par une incroyable discrétion. Sa philosophie de vie et sa vision du monde restent pour notre famille un magnifique exemple et une source d’inspiration. Il vivait depuis de nombreuses années entre la Californie et Hawaii mais gardait un contact régulier avec nous.
Alors pourquoi est-ce que je vous parle de lui aujourd’hui ? Quel est le rapport avec ce blog sur les jeeps belges ? Et bien simplement l’aventure. Car au sortir de la 2ème guerre c’est en jeep qu’il partit vivre au Congo.
La jeep a inspiré de nombreux aventuriers juste après la guerre. Le monde n’était plus (trop) dangereux, et la jeep était le vecteur parfait pour le découvrir. Parmi ces aventuriers certains sont devenus plus connus de par la documentation qu’ils ont donnée à leur récit. Je pense ici par exemple à Joe Ceurvorst dont le livre « L’Afrique en Jeep » figure en bonne place dans de nombreuses bibliothèques de jeepers.
Chris partit donc avec un ami au Congo, en voiture. La route qu’il a emprunté pour y aller est quasi la même que celle décrite par Joe Ceurvorst et de ce périple il me reste quelques photos d’un album de souvenir. La qualité est malheureusement faible. Mais elles témoignent de l’extraordinaire aventure qu’ils durent vivre pour rejoindre l’Afrique-Centrale.
Cette photo de l’album de Chris ne montre malheureusement que la moitié d’une liste de points parcourus. L’identification est en cours…
La jeep est photographiée à la fin de la traversée du Tademaït (orthographié Tademaïd à l’époque) après une petite partie de chasse.
Comme point remarquable, les pneus au profil routier, le parechoc tubulaire (cela devait être une jeep avec un triangle de traction initialement), la plaque d’immatriculation 145417 avec en-dessous le sigle du Royal Automobile Club de Belgique. La traverse du châssis est bien droite, il s’agit d’une Ford GPW.
Les 2 photos suivantes sont également prises dans une zone désertique et montrent une réparation effectuée par le compagnon de voyage de mon Grand-Oncle.
Ma grand-mère racontait souvent l’anecdote suivante. Un jour, elle reçoit un appel téléphonique de faible qualité. C’est son frère qui lui demande de faire envoyer une pièce de jeep dans un endroit perdu du Sahara. En pleine traversée la pompe à essence avait lâché. Chris et son comparse étaient bloqués à un poste relais. Elle commanda la pièce et l’a fit expédier.
2 semaines plus tard, un camion traverse la bourgade, en route vers le Sud. Il s’arrête devant le premier européen qu’il croise et le chauffeur ouvre la fenêtre : « Vous êtes Chris B.? » A la réponse positive, il jette le paquet par la fenêtre et continue sa route, sans même descendre du camion. La pompe à essence était livrée, et la jeep pu repartir pour son périple.
A son arrivée au Congo, les jeeps furent omniprésentes. Nous le voyons ici avec des amis autour d’une autre Ford GPW. Notez la moustiquaire de protection devant la calandre.
A propos des jeeps il m’avait un jour dit : « Ça, c’est une voiture que je connaissais par cœur. Je savais la démonter les yeux fermés ». J’ose imaginer !!!
So long, Chris!
Sur ce,
A+
Magnifique!